Des races locales mieux valorisées
Installé dans le Gers, Jodael Berdié a choisi le porc noir de Bigorre et la vache mirandaise, pour rechercher un meilleur prix de vente. Un choix tant économique que militant.
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Jodael Berdié ne s’en cache pas : il ne se destinait pas à l’élevage. « J’ai fait le moins agricole des BTS agricoles, sourit-il, le BTS Services en espace rural. Je prévoyais d’aider des gens à monter leurs projets. Et puis, je me suis rendu compte que je ne serai pas heureux à passer une bonne partie de mes journées devant un ordinateur. »
Deux ateliers d'élevage
En 2009, Jodael reprend donc l’exploitation familiale de polyculture-élevage de bovins bio, à Miramont-d’Astarac, dans le Gers. Mais il y ajoute sa touche : l’engraissement de porcs noirs de Bigorre, en conventionnel.
« J’avais découvert ces animaux lors d’un stage, témoigne-t-il. C’est un animal docile, curieux, assez rustique, qui n’a pas trop de soucis sanitaires. » Autre avantage : « Le collectif du porc noir garantit les débouchés. Et je sais à combien je vais vendre. » Il faut dire qu’il s’agit d’un produit d’excellence, reconnu par une AOP en 2017 (lire l’encadré ci-dessous).
« Je suis sur la commune la plus au nord de la zone AOP, un peu loin du cœur historique de la Bigorre. Mais le porc noir est une race locale qu’il faut préserver, tout comme la race bovine mirandaise. » Une vache qui porte le nom de Mirande, une commune qui se trouve à 5 kilomètres du siège. Jodael a même envisagé d’élever des poules gasconnes, mais la grippe aviaire, très virulente dans le département, l’en a dissuadé.
Pac optimisée
Dans la famille Berdié, on élève des bovins depuis que l’exploitation existe, créée par les grands-parents de Jodael, Jean et Madeleine. À la fin des années 1970, leur fils Jacques prend le relais.
Il sera « l’un des pionniers du bio » dans le département. Lui aussi est attaché à la sauvegarde des races menacées, d’autant plus que « c’est un marché de niche avec des produits qui se vendent mieux. »
Jodael vend des bœufs castrés de quatre ans à l’entreprise Gers bœuf et ponctuellement à des bouchers, sous une marque appartenant à la Fédération de la mirandaise, avec un cahier des charges précis.
« Le chiffre d’affaires de la vente de bœufs reste limité, autour de 10 % du chiffre d’affaires total, détaille Jodael Berdié. Mais, dans ces terres de coteaux, il est intéressant de garder des bovins pour valoriser les prairies. On optimise aussi la Pac, avec l’ICHN et l’aide à la protection des espèces menacées. » Le quadragénaire vend aussi les céréales produites en bio, par manque d’espace de stockage, et achète l’alimentation des bovins et des porcs.
S’adapter au handicap
2010 est l’une des dates clés de la vie de Jodael Berdié. Un an après son installation, il subit un grave accident de voiture duquel il ressort paraplégique. « Je n’avais même pas sorti les premiers cochons », se souvient-il. Un an après l’accident, il se relance avec 30 cochons, qui arrivent à trois mois et en repartent neuf mois plus tard. Il en engraisse dix fois plus aujourd’hui.
« Ce n’est pas un métier dans lequel je peux être autonome, mais j’ai pu m’adapter » grâce à un salarié, et au coup de main de son père Jacques. Jodael a acquis une « mule », un quad amélioré, et a aménagé les parcours pour « circuler et aller au contact des animaux ». Il envisage désormais d’investir dans un tracteur aménagé pour « réaliser les travaux de fenaison, ramasser la paille, les bottes de foin… »
Autre projet : financer une nouvelle stabulation pour ses bovins via des panneaux photovoltaïques. L’objectif est d’optimiser l’outil de travail et être équipé en contention. « Je veux aussi permettre à des salariés, auxquels je dois faire appel, de travailler dans de meilleures conditions », explique Jodael, qui a l’ambition de créer ce nouveau bâtiment dans les dix-huit prochains mois.
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